Colloque international
Valenciennes, 3, 4 et 5 décembre 2025
Co-organisé par
l’Université Polytechnique Hauts-de-France (UPHF),
l’Université de Lille et L’Université Paris Cité
LA POSSESSION ET SES EXPRESSIONS :
Linguistique de corpus, langues de spécialité, traduction, acquisition/apprentissage
Ce colloque a pour but d’examiner la notion de possession et ses différentes déclinaisons (possession aliénable, inaliénable, relations partie-tout), avec un accent mis sur la linguistique de corpus. Suite à l’avènement du cadre théorique des grammaires de construction (Goldberg 1995), et à l’ère des humanités numériques, de nouvelles méthodes statistiques (calculs de la sparsité, de la densité des occurrences, de la productivité, conception d’arbres décisionnels…) ont vu le jour (cf. entre autres Van Wettere 2018 ; Goldberg 2019), qui permettent de proposer des analyses multifactorielles sur la base de données très étendues. Quoique la notion de possession et ses dérivés aient fait l’objet de nombreuses études (pour un aperçu cf. entre autres Heine 1997 ; Herslund & Baron 2001 ; McGregor 2009 ; Dixon 2010) qui abordent des questions fondamentales comme la nature « conceptuelle » ou « linguistique » des relations possessives, leur (absence d’)unité, la diversité des stratégies mobilisées pour les exprimer (structures génitives, prépositions, verbe avoir et assimilés…) dans des perspectives unilingues, comparatives ou typologiques, rares sont les études qui se basent sur des données quantifiées de corpus. L’un des objectifs principaux du colloque est précisément de combler cette lacune, en sollicitant des contributions qui mettent à l’épreuve les affirmations dans la littérature existante (basées notamment sur l’introspection) quant au fonctionnement dans l’usage des différents procédés encodant les relations possessives (au sens large). Des études – en synchronie ou diachronie – sur une, deux ou plusieurs langues de la même famille ou de familles généalogiquement éloignées seront les bienvenues. Ces études peuvent examiner les relations possessives et partitives à partir de concepts théoriques ou de domaines différents (syntaxe (formelle), sémantique, morphologie, linguistique cognitive, pragmatique… et leur croisement), et se focaliser sur un ou plusieurs procédés (possession adnominale / prédicative, constructions à possesseur externe, (non) marquage morphologique des relations possessives inaliénables, génitifs, suffixation, verbes dits « possessifs », etc.). Des recherches en linguistique descriptive, qui ne s’appuient pas sur des données de corpus (Godard 1986 ; Zribi-Hertz 2003), seront également évaluées, à condition d’aborder de nouvelles questions sur la thématique ou des questions « classiques » mais traitées sous un angle original.
Par ailleurs, les approches contrastives, exploitant des données de corpus parallèles, peuvent déboucher sur des problématiques propres au domaine de la traduction (y compris automatique) : comment, dans la langue cible, traduit-on les structures encodant la possession (in)aliénable et les relations partie-tout (dont la méronymie, cf. Cruse 1986) de la langue source ? Quel est le « degré de recouvrement » (notamment lexical) entre des structures dans différentes langues ayant, du moins en surface, la même syntaxe (Van Peteghem 2006) ?
Si l’intérêt principal du colloque est dans l’exploitation et l’analyse de données de corpus, celles-ci peuvent présenter, au niveau socioculturel, des différences diastratiques ou diatopiques intéressantes à analyser, ou relever de langues de spécialité, dont le droit (mais pas exclusivement). Des corpus juridiques – textes légaux ou issus de la jurisprudence – dans une ou plusieurs langues, peuvent fournir des données intéressantes quant à l’expression linguistique de la possession au sens juridique.
Enfin, seront bienvenues des communications sur l’acquisition des structures possessives ou la manière dont les troubles du langage peuvent en affecter l’usage et la compréhension (dimension psycholinguistique), ainsi que des communications, en didactique, portant sur des problématiques propres à l’apprentissage des structures possessives d’une langue étrangère (comme le FLE : Fabricius-Hansen et al. 2017) ou de la langue maternelle (Chiss & David 2018). Des propositions sur l’expression de la possession en langue des signes seront également attendues.
Le colloque se veut donc interdisciplinaire, en conformité avec la dimension transversale du « Pôle transversal » du Laboratoire Sociétés & Humanités (UPHF), en faisant dialoguer plusieurs disciplines : linguistique, traductologie, droit (langage juridique : expression de la possession dans des textes juridiques), acquisition et didactique, avec un accent sur les ressources numériques.
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